En fermant ou en mettant un peu en sommeil l’appareil productif au mois d’Août chacun espérait que les nuages amoncelés depuis Février allaient se dissiper. La guerre en Ukraine avait révélé à la population l’échec de la politique allemande de l’énergie basée sur le couplage charbon+gaz et éoliennes désigné faussement sous le drapeau ENR Energies Nouvelles Renouvelables, et cet échec paraissait si aveuglant que l’industrie française en venait à imaginer que les prix de l’énergie dans notre pays allaient ressembler aux coûts très bas des énergies nucléaires et hydroélectriques nationales. Nous avions aussi avec nos stockages souterrains de gaz et nos terminaux gaziers de Gaz Naturel Liquéfié une position centrale en Europe et donc une capacité de faire valoir une position qui sauvegardait notre souveraineté !
Las ! l’automne restait ensoleillé et plutôt chaud, mais notre industrie a été abandonnée, toutes les entreprises dont les contrats d’énergie se terminent en Décembre 2022 ont été envahis par les « fournisseurs « multipliant par 5, 6 et même plus les prix antérieurs , « mangeant » ainsi une part importante des marges et ne laissant plus à beaucoup de chefs d’entreprises que le choix entre la fermeture ou la vente de leur activité. Ainsi les faillites sont-elles en train de proliférer et les dossiers des candidats à la vente aussi chez tous les intermédiaires spécialistes des cessions d’entreprises. De cela il n’est question que dans la presse régionale écrite, cela ne vient pas encore jusqu’à Paris et surtout pas en radio-télévision ! C’est néanmoins le drame de l’automne, mais pas le seul !
En effet un grand nombre de collègues subissent dans certains départements un zèle intempestif des fonctionnaires chargés de l’application des nombreux textes régissant l’imposition, le droit du travail et celui de l’environnement ! C’est comme si, après le sommeil du Covid et les plaintes de la population contre le manque d’efficacité des services publics comme les Agence Régionales de Santé (ARS), il fallait redorer le blason des diverses autorités en faisant disparaitre au plus vite ces verrues insupportables que sont les entreprises et, en particulier, les industries dont il est clair qu’elles empoisonnent la vie de nos concitoyens. Et donc, à coté d’un discours gouvernemental célébrant les entreprises et appelant à la réindustrialisation du pays, c’est un véritable raz de marée auquel nous assistons dans le silence infernal des instances représentatives et aussi celui de nombreux préfets qui considèrent que l’activité des fonctionnaires régionaux ou locaux se décide en dehors d’eux et qu’ils sont impuissants à endiguer la charge anti entreprises et anti industrielle des militants politiques transformés en agents de l’autorité publique.
Nous avions tous observé depuis des années la troublante habitude d’avoir besoin d’anciens fonctionnaires transformés en sociétés de conseil pour répondre aux questionnaires de nos « contrôleurs » , questionnaires à la fois longs et incompréhensibles ! Le crédit d’impôt recherche ou innovation avait été ainsi dévoyé comme la plupart des textes régissant l’environnement ou la sécurité. Les textes changent sans arrêt, les jurisprudences aussi, les grandes sociétés peuvent « se payer » des temps pleins chez eux, les petites font appel à diverses « officines » d’anciens contrôleurs devenus des intermédiaires indispensables et couteux. On peut s’en indigner mais la réalité c’est bien que la complexité de textes évolutifs oblige au concours de spécialistes que l’on ne peut trouver que chez les défroqués de la fonction publique…et on est contents de les avoir !
Cet automne c’est un autre phénomène qui s’est produit, celui d’un personnel d’autorité cherchant à déstabiliser les entreprises le plus souvent en liaison assidue avec des syndicalisés extrémistes de l’intérieur des sociétés. Et dans un grand nombre de départements on a assisté dès le mois de Septembre à un tir croisé fisc, inspection du Travail et DREAL, c’est-à-dire gendarme de l’environnement. Les réponses aux problèmes du jour, la note énergétique et l’annonce d’une récession pour l’année 2023 avec souvent les prémices de baisses de commande ou de pénurie de composants essentiels ont occupé à la fois les chefs d’entreprises et leurs collaborateurs , chefs de production et du commerce, et ils avaient déjà la tête dans les ennuis quand ils ont reçu les demandes de documents dans la semaine ou les quinze jours accompagnés de visites sans avertissement des inspecteurs du travail et de mises en demeure des responsables administratifs de l’environnement. La déstabilisation des directions des entreprises est alors instantanée, car les équipes de direction sont restreintes et il n’y a que sept jours dans la semaine ! Sans en avertir quiconque, sachant qu’il n’y a qu’à subir, les chefs d’entreprises se sont mis au travail, essayant de réunir les documents exigés, de faire les propositions demandées… pour éviter de devoir soit trop payer et mettre en danger l’entreprise en période déjà compliquée, soit devoir fermer tel ou tel atelier et se préparer ainsi au dépôt de bilan. Les Fédérations professionnelles disent ne pas avoir de remontées, cela veut dire alors que leur fonctionnement laisse à désirer car il suffit de se promener en France pour rencontrer des patrons et des cadres éberlués devant une malveillance aussi répandue parmi les différents « gendarmes « qui ont été créés ces dernières années. La situation ainsi créée est dramatique et c’est notre devoir à tous d’alerter le Gouvernement et de lui proposer des solutions pour sauver ce que nous pouvons de notre appareil productif, les milliers d’entreprises petites ou moyennes qui sont les employeurs de toutes nos régions.
D’abord il faut confirmer le rôle des préfets dans la défense de notre industrie et donc de nos industriels. Les « circuits courts « excluant l’autorité du représentant de l’Etat le mettent en porte à faux et ne lui permettent pas de faire son travail . Il doit pouvoir faire respecter la bienveillance nécessaire à l’exercice de sa fonction qui est d’aider les industriels à respecter lois et décrets et non de les faire disparaitre. Ainsi devrait-il visiter de manière régulière les entreprises, les écoles devraient être aussi incitées à les connaitre et la fierté d’avoir des ateliers de production sur le territoire devrait être cultivée dans toutes les couches de la société en commençant par le secteur éducatif.
Le retour à un secteur public « neutre » devrait être exigé et c’est l’autorité locale qui connait les dérives possibles de certains agents et qui doit avoir le pouvoir d’y remédier. Déjà dans une agence comme l’ADEME chargée, en principe, des économies d’énergie, il est anormal qu’elle ne soit constituée que d’anti nucléaires et anti industriels , mais sur le terrain que des fonctionnaires se considèrent comme porteurs des revendications syndicales ou environnementales au point de promouvoir la fermeture de sites , c’est proprement insupportable. L’inspection du travail dans certains départements et la plupart des DREALS considèrent avoir une mission d’extinction du secteur productif dans leurs juridictions et cela est connu de la plupart des préfectures qui finissent par baisser les bras à cause des directives venant directement des Ministères .
Il n’y a pas que dans le secteur industriel que l’on est en manque de la véritable autorité de l’Etat, mais si l’on souhaite véritablement réindustrialiser le pays la bienveillance des fonctionnaires etl’aide qu’ils peuvent apporter est indispensable, pas celle de faire le métier à notre place et de nous faire miroiter des subventions si nous nous comportons « bien » ,mais celle de nous écouter, de comprendre nos problèmes et d’en tenir compte sans agressivité ni hostilité.
Petite illustration du zèle et de l’efficacité de notre administration pour aider notre tissus industriel à se développer :
En octobre 2019, mon entreprise (TPE de 9 personnes) fait l’objet d’un contrôle (routinier) de l’Urssaf. Résultat ? Redressement de 5000€ sur l’usage des véhicules des 2 commerciaux itinérants ; en effet, l’usage de ces véhicules de service est considéré comme un avantage en nature par le contrôleur (redressement sur 3 ans)…car les carnets de bords seraient mal remplis…Evidemment, les 2 commerciaux font 50 000 Km/an pour leurs loisirs !
Je conteste, évidemment, cette interprétation ; après de multiples allers-retours avec notre administration (que tout le monde envie…), la plaidoirie au tribunal a eu lieu le …. 3 novembre 2022 (3 ans après !) ; nous attendons tous avec impatience la décision du tribunal prévue en décembre (si tout va bien).
J’ai été ravi d’avoir eu des conseils de management et de gestion de la part du petit contrôleur ; et globalement, j’avoue, je me sens rassuré d’avoir une administration et des contrôleurs bienveillants, proches du monde de l’entreprise, prêts à promouvoir ceux qui créent la richesse …et qui financent les dépenses publiques….
NB : Soyons indulgents : il est vrai qu’il est plus facile de « taper » une TPE bien portante et sans histoire (en 40 ans, aucun défaut de paiements des cotisations) qu’un conseil régional (ou autres entreprises publiques, ou encore entreprises véreuses) dont les voitures sillonnent la région à n’importe quelle heure de la journée ou de la nuit…