Pour Sophie de Menthon, présidente du mouvement ETHIC, le climat politique actuel conduit à une absence de vision claire et prévisible sur le long terme, pourtant indispensable pour chaque entrepreneur.
En tant que présidente du mouvement ETHIC, vous dénoncez le climat politique actuel. Pourquoi ?
Sophie de Menthon : Nous paraissons être dans une impasse. Nous, entrepreneurs, avons besoin d’une vision claire, prévisible sur le long terme pour pouvoir survivre et nous développer, et le conseil d’administration a réagi. Le blocage politique actuel de la République empêchera nos députés de promulguer le projet de loi de finances, pourtant très attendu par l’ensemble du monde économique. Belle stratégie de l’inefficacité : nous avons donc « clarifié » pour que les entreprises, entre autres, se retrouvent en plein brouillard avec des conséquences déjà mesurables. Le blocage inquiète à juste titre les 4,5 millions de chefs d’entreprise de PME, TPE et même ETI qui ont choisi la France pour se développer et n’ont pas la faculté, comme les Grandes Entreprises du CAC 40, de se nourrir de la prospérité de leurs implantations à l’étranger.
En effet, nos concitoyens ont demandé un changement à peu près sur tout, estimant les résultats insuffisants dans presque tous les domaines : sécurité, immigration, services publics, pouvoir d’achat, rémunération… Ils constatent, sans toujours partager la même analyse, la voie de paupérisation du pays, la dégradation de l’éducation et l’inefficacité de l’Etat, y compris Tous les jours nous reviennent des nouvelles dramatiques des entreprises françaises, PME, ETI et TPE, qui irriguent le territoire de notre pays qui vacillent devant la chute des commandes, les donneurs d’ordre hésitant et l’attentisme sur les missions régaliennes.
Il y a un impératif : les députés doivent rétablir les comptes de la France. Peu importe qui est responsable de leur naufrage, il faut que toutes les forces politiques résolvent ensemble le problème.
Les tractations politiques montrent que la France semble avoir oublié que les lois se discutent dans un esprit républicain, avec pour objectif de faire progresser le pays. Il est nécessaire de rappeler à tous nos dirigeants l’intérêt supérieur de la nation.
Quel est, selon vous, le problème essentiel, pourquoi en ce moment ?
On lance sans arrêt des anathèmes : certains parlementaires seraient « républicains » et pas les autres. Mais puisque nous sommes en République, si un parti est « non républicain », il doit être exclu, comme le sont parfois certains mouvements ou associations. Si la « République » a permis à ces partis de concourir, c’est que leur organisation et leurs objectifs correspondaient bien à la volonté de survie de notre démocratie et de notre République. Les ennemis de la République doivent être comme notre pays a su le faire par le passé, exclus.
Evidemment, le premier parti auquel on pense à priori est le Rassemblement national. Mais l’on peut également demander le même travail une fois pour toutes les partis qui posent problème, notamment La France Insoumise. Ouvrons le dossier franchement, avec une vraie volonté d’établir clairement ce que peut être un « parti républicain » avec un pacte le définissant.
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Qu’est-ce qu’être un parti « républicain » ?
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Exclure les partis antirépublicains
Cette mise au point, en concertation avec les leaders politiques des partis incriminés, permettrait d’apaiser 16 millions de Français qui auraient « mal voté » ! Rejeter les représentants élus par des millions d’électeurs heurte l’esprit républicain de chacun d’entre nous. Prétendre que les électeurs sont libres et respectés, mais ne pas vouloir s’adresser à ceux qu’ils ont élus, jusqu’à refuser de leur serrer la main à l’Assemblée par exemple, est incompréhensible.
Que proposez-vous?
Une initiative officielle : elle pourrait être de la responsabilité du président de la République, ou incomberait au « Numéro Deux » de la République : le président du Sénat… ou pourquoi pas à un haut commis de l’État, inattaquable pour son intégrité et dans ses valeurs… Parallèlement, il conviendrait de constituer momentanément un collège restreint de Sages indépendants et incontestables qui recevrait les partis dits « antirépublicains », pour voir s’ils signent le pacte et prennent les mesures pour rétablir la vie républicaine commune .
La liberté a des limites apparemment franchies, c’est ce que ressentent les français.
Il doit exister un « Bien commun » à développer et il faut accepter une initiative volontariste pour retrouver le paysage d’une Assemblée nationale et d’une République partagées et dignes de respect. C’est-à-dire une Assemblée qui est capable d’inspirer de la sérénité par son sens des responsabilités quant aux décisions essentielles à prendre pour le travail et l’entreprise.
L’intérêt de la France est de sortir de cette impasse. Nous devons dépasser les clivages politiques haineux dans l’intérêt de tous, et celui des entreprises en premier lieu pour qu’elles ne cèdent pas à cette époque mortifère pour elles.