Alors que la pandémie de Covid-19 se poursuit et que de nombreuses questions se posent sur la gestion de la crise, la désindustrialisation massive du pays depuis plus de vingt ans est au coeur des débats et du constat sur l’état de l’économie française. La réindustrialisation du pays et l’investissement pourraient être la clé pour la sortie de crise.
Trente ans de lâchetés, de reniements, de dénis de réalités, de compromissions, d’arrangements sont désormais analysés par les politiciens et leurs commentateurs pour tenter de trouver des solutions à un problème devenu incontournable après l’assassinat barbare d’un professeur de collège à Conflans-Sainte-Honorine. Cette introspection collective pas vraiment unanime pourrait aussi faire s’interroger et même reculer, voire annuler, sur les actions dans d’autres domaines où la poursuite des âneries conduit à d’autres drames qu’on peut simplement espérer moins sanglants.
Il est difficile de désigner des responsables de l’impréparation de notre système de santé à l’arrivée d’une pandémie, leur trop grand nombre doit faire conclure à l’irresponsabilité collective d’une société profondément malade de sa bureaucratie. Dès le mois de Mars une série d’analyses pertinentes ont illustré la pénurie dans les établissements et la disparition d’une industrie nationale de santé… aucune décision n’a été suivie d’effets, la bureaucratie n’a fait que croitre, mais pas les praticiens, pas les installations, aucun programme de formation d’urgence n’a été mis en place, et le retour de flamme pourtant attendu et annoncé est intervenu dans, de nouveau, le dénuement. Quand on voit désormais avec quelle légèreté on s’est endetté pour diminuer le nombre de morts du COVID en mettant à plat l’économie, on peut s’étonner que l’on n’ait pas mis le « paquet » pour investir dans des lits, des respirateurs et du personnel. Une priorité cela veut dire mettre tous les moyens et non pas égrener des remerciements et organiser des applaudissements. Mettre hôpitaux, cliniques à flot pour encaisser une nouvelle pandémie aurait pourtant fait l’objet d’un accord unanime… sous la réserve de mettre au pas et à la frugalité une administration qui avait amplement montré son inefficacité ! Prendre des mesures impopulaires est une chose, les Gouvernements sont aussi là pour cela, mais ne pas être capable d’expliquer les démissions nombreuses de personnel médical et l’insuffisance d’hébergements en est une autre.
La compétitivité d’une industrie très affectée par le confinement aurait pu être un objectif également bien compris par la population, mais c’est l’annonce d’un plan de relance saupoudreur qui l’a remplacé ! Il est vrai que les tirés au sort de la Convention Citoyenne étaient revenus à l’assaut avec leur programme de décroissance et qu’il fallait ne décevoir personne. Le programme énergétique annoncé est avaleur de milliards et conduit à une électricité plus chère qui pèse à la fois sur les ménages et sur l’industrie : on veut remplacer une énergie abondante et bon marché par une électricité chère en partie intermittente. Nous étions exportateurs, nous sommes en train de devenir importateurs. Ce sont encore des milliards qui sont prévus pour les centrales éoliennes en mer sans aucune justification ni écologique ni économique. Par ailleurs les impôts de production qui pèsent 80 milliards sur notre appareil industriel et qui n’ont pas d’équivalent, dans aucun pays, coutent à chaque entreprise de l’ordre de 3, 6% de sa marge sur chiffre d’affaires et limitent la compétitivité industrielle. Trop imposée mais autrefois satisfaite du prix de son énergie électrique, l’industrie nationale est en train de perdre un de ses atouts par rapport à la concurrence. Le plan de relance propose de diminuer de 12% les impôts de production l’année prochaine tandis que des sommes affolantes qui viendront renchérir le cout de l’énergie vont être englouties dans des matériels et des installations généralement importées à 100%. Un moratoire sur les éoliennes et une suppression des impôts de production auraient de l’impact immédiat sur notre industrie alors que le programme dit de relance est un catalogue indigeste de mesures dont l’efficacité est plus que douteuse, à part créer des bureaucrates. Il est temps sur ce sujet comme beaucoup d’autres de plutôt réduire le train de vie de l’Etat.
Plus grave encore on a pu observer une désindustrialisation massive du pays depuis plus de vingt ans avec à la fois des délocalisations et des pertes de souveraineté par ventes d’entreprises stratégiques. On aurait pu stopper cette boulimie d’erreurs et mettre à profit les réflexions nombreuses sur les raisons de ces échecs. C’est tout l’inverse qui apparait avec la triste affaire du désengagement d’Engie dans Suez qui ne laisse de choix qu’entre deux mauvaises solutions et l’essai de sauvetage du site de Béthune de l’entreprise japonaise Bridgestone, aucun recul, aucune analyse sérieuse ! Après la comédie du chômage partiel érigé en objectif alors que ce n’était qu’un moyen de tempérer la crise, il y a eu les prêts garantis par l’Etat(PGE). On s’aperçoit alors que 7 mois sont passés que le problème est celui des fonds propres des entreprises et on se précipite sur les prêts participatifs garantis, encore une fois, par l’Etat. C’est-à-dire que sur tous ces sujets il n’y a que l’Etat qui puisse intervenir ! Cela devrait nous interroger.
Effectivement le rendement des entreprises industrielles trop implantées en France est insuffisant (impôts, charges et torture des normes et règlements en particulier environnementaux). L’argent de l’épargne n’est donc pas attiré, sauf cas particuliers, par des rendements faibles et risqués. Or l’épargne de nos concitoyens n’a jamais été aussi forte, et le sujet est bien celui de l’attractivité de notre système industriel. Le redressement industriel indispensable pour notre avenir doit se faire avec la mobilisation de l’épargne et non avec de la dette d’Etat et l’augmentation des fonctionnaires. Pour sauver Suez qui n’a aujourd’hui le choix qu’entre le démembrement avec Véolia ou la vente à l’étranger il faut des instruments nationaux de prises de participation réelles. Ce qui est vrai de Suez l’est pour tout notre appareil industriel, restaurer la compétitivité, restaurer les marges et veiller à l’attractivité de l’investissement dans les secteurs de production et de transformation. Rien n’a été fait et tandis que l’on s’oriente vers un nouveau coup porté à notre économie on continue à faire de la dette et à introduire l’Etat dans les entreprises avec des contrôles tatillons, des inquisitions permanentes et des jugements hâtifs bercés par une idéologie dite écologiste de la décroissance inévitable et antiindustrielle, oubliant la défense de l’environnement.
Alors, lorsque l’Europe demande de souscrire à des dettes obligataires du programme SURE qui doit payer la politique de chômage partiel, les investisseurs se précipitent, 233 milliards de demandes pour 17 milliards émis, soit 14 fois plus de candidats que d’élus ! Bien sur les technocrates de Bruxelles exultent, et personne ne veut interpréter cette nouvelle. Il est cependant catastrophique que notre pays et désormais notre continent se précipitent sur un rendement assuré faible et non sur des perspectives d’avenir. L’Europe est désormais engluée dans l’écologie politique de la décroissance, malgré les rodomontades des financiers « verts », personne ne croit à la rentabilité réelle des engagements pris par la Commission. On croit bien plus à la retraite qu’à l’offensive, c’est une observation que tout le monde peut faire s’il n’est pas aveuglé par l’idéologie et le déni de réalité.
On a vu, sur le dossier de l’islamisme radical, où nous mènent lâchetés et compromissions, il n’est pas encore trop tard pour avoir le courage de regarder les choses en face, ce n’est pas le rêve d’une décroissance « vertueuse » qui va sauver notre pays, il faut réindustrialiser la France et y investir notre épargne. Les maitres mots c’est compétitivité avec une énergie abondante et bon marché et vraie défense de l’environnement.
Loik le Floch Prigent a le génie de faire passer magistralement des idées fortes et claires centrées sur l’essentiel, en peu de mots.
De le crise aurait pu naître un vrai nouveau monde, une vision. Je crains qu’on ait le pire de l’ancien.
Ce qui se passe est grave, « sous vos applaudissements, Mesdames et Messieurs. »