C’est la première fois que je suis dans les « Rocheuses Canadiennes » , c’était un rêve, j’ai mes chaussures de marche, mon sac à dos , ma carte , mes clochettes pour éviter les ours et je suis parti pour une bonne vingtaine de kilomètres. Au bout d’une heure, ayant vu un grand nombre d’animaux sauvages, de loin , je me sens oppressé sans explication valable, et puis dans le ciel j’aperçois un rapace silencieux , faisant des tours au-dessus de la foret, et je comprends : c’est le premier oiseau rencontré depuis le début de ma marche…ce sera aussi le dernier de cette journée riche en émotions par ailleurs. C’est un paradis , mais sans oiseaux !
Lorsque nous partions en camping « sauvage » à la sortie de la guerre 39-45 , dans notre 2 cv Citroën remplie à ras bord , nous emportions toujours un filet à papillons. Dès notre arrêt déjeuner je partais avec le filet pour capturer quelques spécimens inconnus de ma Bretagne natale . Nous les piquions avec une épingle, puis Papa avec sa précision de médecin les fixait et les protégeait , et l’on attendait notre retour à la maison pour les mettre sous verre. Habitués aux piéride du chou , au citron, au Robert le Diable, nous recherchions les Machaons, les Flambés et les Argus Bleus dans les champs tandis que le déjeuner se préparait et la sieste du conducteur permettait encore quelques belles prises. En plein mois de juillet 2020 , me promenant dans le parc, dans les champs, près de l’étang puis longeant la rivière j’étais heureux d’écouter le chant des oiseaux, surtout les merles qui visiblement étaient en plein bonheur, et une nouvelle fois , au bout d’une heure , je sens comme un malaise, et j’aperçois un piéride du chou, le premier de la randonnée , et au bout de deux heures de marche j’en observerai deux autres ! Qu’est-il arrivé à nos papillons ? Comment vais-je expliquer à mes petits enfants leur disparition et la nécessité pour eux d’aller dans des pays civilisés comme la Malaisie pour visiter de magnifiques réservoirs de papillons multicolores dont je rêvais enfant après mes récoltes nationales !
Depuis mes études américaines à la fin des années soixante nous avons baigné dans la nécessité de préserver la nature et l’écologie politique a fini par envahir notre quotidien avec ses combats anti-nucléaires et sa promotion de solutions , d’abord pour préserver notre environnement , puis de « sauver la planète », mais ils se sont trompés et , en conséquence, ils nous ont trompés, leur combat était sans doute généreux mais ils ne sont pas allés à l’essentiel , il fallait savoir contempler la nature et préparer nos enfants et les enfants de nos enfants … à vivre sur , dans, et avec une planète aux ressources de vivants de qualité exceptionnelle . C’est la biodiversité du « beau » qu’il faut apprendre et transmettre et non la biodiversité du calcul , du chiffre, du nombre. Peu m’importe qu’une espèce spécifique disparaisse, que les diplodocus se soient éteints, cela semble une évolution naturelle dont il serait difficile de nous rendre coupables, mais une nature sans oiseaux et sans papillons c’est d’une tristesse dont nous ne pouvons pas nous remettre, c’est la beauté qui disparait : regardez un enfant devant un moineau , une mésange ou un rouge -gorge, observez le à la rencontre d’une libellule bleue ou d’un papillon doré. C’est le monde qui s’ouvre à lui , avant la musique et la littérature qu’il découvrira plus tard, c’est la poésie, l’art, qui s’invite devant ses yeux , il n’oubliera jamais, encore faut-il que cela existe toujours !
La simple lecture des titres du code de l’environnement donne le ton : six livres de mesures législatives avec chapitres, sections, sous-sections et paragraphes, et six livres de textes règlementaires, un monument aussi volumineux que le code du travail, mais celui-ci rédigé en à peine 20 ans ! Une idée magnifique, respecter notre environnement, le transmettre aux générations futures, et une application dérisoire, la construction d’une bureaucratie créée pour contrôler et punir. Plutôt que d’appuyer sur la responsabilité à l’égard des futures générations , on a préféré les normes et règlementations, on a culpabilisé et infantilisé, on a attaqué sans retenue le monde de la production, agricole et industrielle et on a fini par oublier l’essentiel. Une illustration parmi d’autres : les éoliennes sensées produire une énergie vertueuse et « propre » alors que leur fabrication et leur démantèlement polluent et que leur installation et leur fonctionnement sont cruels pour la faune, la flore et même la santé humaine… La réalité s’impose, nous n’avons pas pris la bonne direction, celle de l’observation des écosystèmes et des choix à opérer pour préserver ce qui est essentiel, nous avons tout orienté vers une restriction des libertés, une montée inexorable du totalitarisme vert fixant les conduites, les priorités et les solutions. Que la science soit oubliée et molestée à cette occasion n’a aucune importance puisque la lutte du bien contre le mal est engagée : il suffirait d’écouter et d’évaluer, de prendre un peu de temps, mais tout est émotion et urgence, toute action ou mesure est immédiatement dénoncée comme insuffisante, il faut punir, se punir …
Essayons néanmoins de donner un nouvel espoir à l’écologie, c’est une idée trop belle pour la laisser à une bureaucratie tatillonne et liberticide. Nous avons clairement modifié notre écosystème, ou plutôt nos écosystèmes, car nous avons désormais nos métropoles, nos centres-villes, nos banlieues, nos villes moyennes, nos villages et notre monde rural, nos ports de commerce et nos ports de pêche, nos lieux de tourisme et de loisirs … La vie économique s’est également organisée au cours du temps, notre agriculture au personnel raréfié, mécanisée, la disparition de nos mines et donc de la première transformation, une industrie géographiquement dispersée, des centres commerciaux à la périphérie des agglomérations drainant de larges zones de consommateurs. A côté d’une vie professionnelle souvent agitée, au modernisme accentué par les nouvelles technologies, les citadins apprécient un retour à la nature, nous avons donc organisé le pays avec des écosystèmes contrastés et contradictoires que l’épisode inattendu du confinement Covid-19 et du déconfinement est venu nous illustrer : ceux qui sont restés « en ville » , ceux qui ont fui à la campagne, et puis les fins de vie isolées dans les honteux EHPAD. La modification de ces écosystèmes ne peut être que lente, comme leur édification l’ été . La bureaucratie comme les directives n’auront qu’un impact modéré, c’est le consommateur-citoyen qui va décider, c’est lui qui vient ou qui ne vient pas dans les commerces ouverts timidement depuis quelques semaines, c’est lui qui achète ou n’achète pas, c’est lui qui a envie de déménager ou de rester « en ville », on peut essayer de le manipuler, lui seriner ce qui est « bien » pour qu’il le comprenne, mais cela aurait pu mieux marcher avant l’affaire des masques : il ne faut pas porter des masques- cela tombe bien , on n’en a pas – mais maintenant ils sont « obligatoires » car indispensables…l’autorité morale des gouvernants, des « sachants » en a pris un coup et chacun se fait désormais sa petite cuisine, personnelle, locale. Si bien que les doctrines naissantes sur le chauffage des terrasses de cafés apparaissent à tous déplacées, parisiennes et très éloignées des véritables préoccupations des français qui attendent la rentrée avec angoisse en profitant au maximum du soleil estival.
Ni « Green Deal » ni relance verte, les politiciens et leurs commentateurs sont loin , très loin de la France réelle qui est en train de retrouver ses champs, ses prairies, ses agriculteurs, ses vaches et ses moutons et qui aspire d’abord à faire respecter les écosystèmes qu’ils ont construits et dont ils ont suivi l’évolution des dernières années. La jaunisse des betteraves, fruit de l’interdiction, est bien analysée comme une conséquence d’une idéologie dévastatrice dont la recherche du « bien « universel est le principe directeur . Il va falloir changer de paradigme, donner des orientations issues des données scientifiques reconnues et laisser les gens agir en responsabilité individuelle et collective. Si la Mairie de Paris a envie de figer la capitale dans l’essor du vélo électrique et de la trottinette , libre à elle, mais ailleurs ce sont les oiseaux et les papillons dont la présence est souhaitée. Si les décideurs sont Parisiens, qu’ils décident donc pour Paris, mais qu’ils laissent le reste de la France vivre à ses rythmes , et la trottinette électrique n’est pas nécessaire partout, c’est la biodiversité ressentie qui est un des phares de l’évolution de nos écosystèmes.
Quel avenir pour nos petits enfants ? Comment arrêter ces maudits élus qui nous gouvernent aussi mal?
Ds ma campagne à FONTENOY dans l Aisne village que vous avez connu j ai le plaisir de voir encore de jolis papillons 😉