Cette souveraineté industrielle à laquelle aspire le gouvernement sans jamais se donner les moyens de l’atteindre

Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a évoqué des projets de rachats d’entreprises européennes par des groupes étrangers, qui menacent l’indépendance industrielle de l’Union européenne, selon lui. Quels sont les dangers de notre désindustrialisation ?

Atlantico.fr : Ce lundi, le ministre de l’économie a évoqué son inquiétude concernant des projets de rachats d’entreprises européennes par des groupes étrangers, affirmant que ces projets menacent l’indépendance industrielle de l’UE. Il a en outre fustigé la dépendance excessive de l’UE et donc de la France vis-à-vis de l’Asie. S’agit-il d’une prise de conscience bienvenue ? Quels sont les dangers de notre désindustrialisation ?

Loïk Le Floch-Prigent :  Les chaînes d’automobiles arrêtées par défaut d’alimentation d’un composant électronique produit exclusivement en Asie, voilà qui agite le monde politique, celui de notre pays, celui de la Commission Européenne, et celui de l’Allemagne enfin très dépendante de son industrie de véhicules. On en vient à parler rapidement de « souveraineté » industrielle, et on y rajoute le mot « européen ». On avait déjà vécu cela il y a quelques mois lorsque la Commission et quelques Etats avaient souhaité généraliser le véhicule électrique et qu’ils s’étaient aperçus que 40% de la valeur ajoutée venait des batteries qui n’étaient produites qu’en Asie : la conclusion a été la décision de promouvoir une Europe des batteries avec la construction d’une entité regroupant quelques constructeurs et sous-traitants. On voit donc immédiatement arriver le projet d’une grande entreprise européenne des semi-conducteurs apte à rivaliser avec l’Asie toute puissante. D’un problème réel, au lieu de réaliser un diagnostic, on prend une posture et ensuite on conclut par un réflexe technocratique, celui de mettre à disposition un paquet d’argent comme nous n’avons pas arrêté de le faire autrefois avec les « Plans Calcul » sensés nous mettre à l’abri des puissances étrangères.

Tout d’abord il y a un vrai sujet  des composants critiques susceptibles d’arrêter les chaînes de production de quantités de secteurs industriels, en particulier en Europe. Nous avons délaissé au profit de l’Asie un grand nombre de produits manufacturés considérant que nous en gardions le contrôle scientifique et technique. C’est ainsi que peu de voix se sont élevées lors de l’introduction « sans conditions » de la Chine dans l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en Décembre 2001.  Il se trouve que désormais bien des pays dont celui-ci ont réalisé des efforts qui leur permettent de rivaliser avec nos chercheurs et même au-delà. La mondialisation pour nous permettre de conquérir de nouveaux marchés sans réaliser les augmentations de recherche et développement nécessaires était une erreur, mais surtout penser que l’on peut désarticuler avec succès le progrès entre des intellectuels européens et des fabricants asiatiques était une faute terrible, ceux qui sont sur le terrain sont toujours les mieux informés des difficultés réelles lors des process de fabrication. Notre pays n’a jamais pu faire progresser son effort de recherche, autour de 2,3 % du PIB , alors que son analyse régulière était qu’il fallait au moins 3% et qu’il disposait d’un atout majeur avec le Crédit Impôt Recherche (CIR), attaqué chaque année aux sessions budgétaires par les financiers de Bercy. Le concept n’est pas, en l’occurrence, la souveraineté, mais l’indépendance et la position de monopole préjudiciable au développement industriel. Chaque chef d’entreprise sait qu’il est dépendant de ses fournisseurs et en danger lorsqu’il n’a plus le choix. Cela ne le conduit pas, en général, à créer une filiale- fournisseur, mais plutôt à favoriser une alternative existante. De son coté celui qui possède le matériel indispensable essaie de réduire puis éliminer ses concurrents… c’est la vie industrielle que les postures ne vont pas suffire à changer.

Mathieu Mucherie : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. », voilà une formule bien adaptée aux propos de Bruno Le Maire.

Pour bien comprendre la situation, il faut déjà avoir les ordres de grandeur de tête. Les Chinois vont être les Coréens du Sud des années 2020-2030. Quand la Corée du Sud a déboulé sur les marchés mondiaux à partir des années 70 et de façon plus franche dans les années 80-90, ils étaient exactement dans les mêmes spécialisations que la France : construction navale, centrales nucléaires, et automobile moyenne gamme. Ils nous ont pris des parts de marché énormes grâce à leur bon rapport qualité-prix. Là, ça va être la même chose multipliée par dix. La Chine monte en gamme et va arriver sur des secteurs où on ne les attendait pas a priori, y compris sur des éléments de haute-technologie. Le destin de l’industrie française est compliqué. On peut défendre l’industrie mais on ne peut décemment pas défendre l’emploi industriel qui de toute façon est mal embarqué entre la mondialisation et la robotisation. C’est certain qu’on ne va pas créer des millions d’emplois industriels dans les 10 prochaines années en France. D’ailleurs, on ne pourrait pas parce qu’on n’a pas les qualifications pour ça.

Concernant les dangers d’une désindustrialisation, c’est déjà le cas. On a pu le voir de manière assez nette avec la crise Covid de 2020. On le voit dès qu’on étudie un peu l’économie de demain, que ce soient les semi-conducteurs, la 5G ; quel que soit le terrain étudié, on voit bien qu’il n’y a pas beaucoup d’acteurs français de premier plan. On le voit dans l’âge des entreprises du CAC40 : il n’y a quasiment aucun renouvellement, et il y a beaucoup de secteurs rentiers et domestiques. Les seuls secteurs vraiment internationalisés et qui vont bien c’est du luxe. Il n’y a pas de belle entreprise française dans le domaine des technologies, à part STMicroelectronics, qui est franco-italien ou Dassault systèmes qui est une belle entreprise mais qui reste une petite entreprise. On n’a pas d’acteurs de type Silicon Valley et même à l’échelle européenne, il n’y a qu’un acteur qui tienne à peu près la mesure, SAP, qui a des problèmes en ce moment.

Quels seraient les secteurs véritablement stratégiques pour cette industrialisation nouvelle ?

Loïk Le Floch-Prigent : Si l’on veut réellement parler de souveraineté, on traite alors d’industrie de défense et c’est un projet national et pas européen. Dans la période actuelle on essaie de bâtir une chimère d’industrie européenne de Défense, mais on se heurte aux pays qui considèrent que seuls les USA peuvent les protéger et qui achètent et continueront à acheter américain pour leurs forces armées. Dans la Défense on peut « coopérer » avec certains pays, mais en ce qui nous concerne nous avons toujours l’ambition d’une défense « nationale » ce qui conduit à une souveraineté industrielle, et c’est ce qui est en jeu actuellement avec le projet d’avion de combat « européen » alors que la compétence est essentiellement française et doit le rester.  Mais parler, comme récemment, de « souveraineté alimentaire » à propos des magasins Carrefour tient de la plaisanterie. L’indépendance alimentaire c’est le soutien à notre agriculture et c’est justement ce qui n’est pas fait aujourd’hui, de l’opinion des agriculteurs ! Il faut donc reprendre nos esprits, ne pas mélanger les concepts et prendre les mesures conséquentes, on ne peut pas vouloir quelque chose et tout organiser pour faire l’inverse : bénéficier de la mondialisation, la promouvoir et s’apercevoir qu’elle conduit à une dépendance de fournisseurs et de clients, mais on peut, par contre protéger nos productions nationales en faisant vivre un écosystème français favorable à l’innovation, à l’entreprise, à la recherche, aux créateurs. Ce qu’il y a de révoltant c’est notre incapacité à faire grandir et prospérer des jeunes pousses qui n’ont comme autre solution que de se vendre, de se délocaliser ou de laisser partir les meilleurs éléments. L’actualité récente nous montre que  dans les vaccins  la plupart des acteurs français  sont partis aux USA, mais il y a aussi d’autres secteurs, Photonis France de Brive, des entreprises nantaises biotech Xénothera et Valneva, et Alsid et Sqreen en cybersécurité, pour ne pas aller plus loin dans le temps.

Mathieu Mucherie : On peut essayer d’avoir des priorités thématiques ou sectorielles, mais quand ça vient d’en haut (de Bercy ou de l’Elysée), ça ne fonctionne pas. L’expérience montre que quand on choisit des filières à l’avance, les résultats ne sont pas là. Par exemple, en 2020 on a choisi les supercalculateurs et l’hydrogène. C’est embêtant parce qu’en général, cela ne se traduit pas par une très bonne allocation des ressources.

Il faudrait faire émerger des secteurs par la base, par la demande et par les entrepreneurs. C’est un mirage planiste et constructiviste que de penser qu’on va savoir ce qui sera véritablement stratégique dans dix, vingt ans.

Il faut arrêter les raisonnements de prêteurs d’ordre, arrêter de privilégier quelques filières qui comme par hasard sont proches du pouvoir, que ce soit celui de Paris ou de Bruxelles.

Aujourd’hui on parle beaucoup des semi-conducteurs par exemple. Mais le problème de ce secteur, c’est qu’il doit être pensé à l’échelle européenne désormais. Dans le milieu, tout se joue entre les gérants intel, AMD, Taiwan Semiconductor Manufacturing Company, ASML et Nvidia. En comparaison, le français STMicroelectronics est une petite boîte. Les semi-conducteurs, c’est un sous-secteur très important mais qui doit être vu à l’échelle européenne. La Chine peut vouloir créer de toute pièce à coup de paquets de milliards une filière nationale de semi-conducteurs pour être moins dépendante des Etats-Unis (et de Taiwan) car ils en ont les moyens. La France n’en a ni les moyens humains, ni les moyens financiers. On doit s’organiser au niveau européen pour ne pas se mettre des bâtons dans les roues et avoir 1 ou 2 acteurs intéressants.

Ce qui dépend de la France et qui est véritablement stratégique c’est probablement l’armement, et tout ce qu’il y autour : l’aérospatial, l’aéronautique de pointe, etc. Si on veut mettre de l’argent sur une base souverainiste, il vaut mieux s’assurer qu’on puisse construire nous-même notre sous-marin et notre porte-avion une fois tous les vingt ans.

L’idéal serait de créer les conditions pour que les gagnants soient choisis par le terrain. C’est à dire choisis par des entrepreneurs et validés par des consommateurs. Et si on ne peut pas s’empêcher d’en haut de donner de l’argent, ce qu’on ne sait pas faire en France, dans ce cas il vaut mieux que ce soit en direction de deux-trois dossiers macroéconomiques plutôt que pour quinze dossiers avec une priorité donnée à ce qui ressemble à de la science-fiction. C’est certain qu’il faut des priorités. Il y a eu trop de saupoudrage et notamment dans le plan de relance en 2020, on a vraiment peine à trouver des vraies priorités et quand il y en a, elles sont très contestables, avec une dimension très technophile (supercalculateurs, hydrogène) typique de l’Etat français, alors que si on regarde l’histoire, les technologies qui ont le plus fait avancer l’économie sont somme toute assez anodines : les porte-conteneurs, les codes-barres, la climatisation par exemple.

Chacun a une idée sur ce qui doit être prioritaire en termes d’industrie. Personnellement, je pense que les industries qui ont le plus d’impact macroéconomiques ne sont pas forcément les plus « glamour ». Ce qui est populaire est une mauvaise idée.

Certains pensent que la France sous-utilise l’économie de la mer. Effectivement, on sous-estime cet atout-là. Il y a également la question de la transition vers les véhicules électriques qui est importante. On a en France une tradition nationale très thermique, avec Peugeot qui passe son temps à vendre des SUV aux classes moyennes, un peu comme les Américains dans les années 90. L’Etat pourrait faciliter les choses pour qu’il y ait une transition vers l’électrique et vers l’autonomie. Sinon, à titre personnel, j’investirais dans le spatial, car c’est à la fois stratégique, il y a un savoir-faire français et c’est long-termiste.

En tout cas, il faut faire comprendre à Bruno Le Maire que le yaourt n’est pas un secteur stratégique, au même titre que le distributeur de bouteilles de lait ou le distributeur tout court. Je fais ici allusion à ce qu’il s’est passé avec Carrefour ou Danone il y a quelques années.

Le gouvernement a-t-il seulement les pouvoirs pour mettre en place cette politique de souveraineté industrielle ? S’en donne-t-il les moyens ?

Loïk Le Floch-Prigent : Il s’agit donc, non pas de bâtir des secteurs industriels à partir d’émotions médiatiques, un jour les batteries, le lendemain l’hydrogène, et maintenant les microprocesseurs, mais de comprendre qu’il nous faut faire plus de recherche et développement, de favoriser l’éclosion d’entreprises et de les laisser croitre dans un environnement social, économique et règlementaire favorable. Ce n’est plus le cas aujourd’hui en France, nos entreprises industrielles sont asphyxiées par les normes et règlements et par les fonctionnaires qui sont chargés de faire appliquer les règles. Entre le code du travail et celui de l’environnement ce sont des milliers de pages qu’il faudrait connaitre, mais surtout suivre car de nouveaux décrets arrivent tous les jours. On vous dit que les impôts vont baisser, mais les industriels savent que l’imagination sur les nouvelles taxes est immense chez nos bureaucrates. Tout est difficile dans notre pays, depuis la création d’entreprise, son implantation jusqu’à son développement : la simplification a toujours conduit à un étage de complexité supplémentaire. On nous promet une « police de l’environnement », on l’a déjà, plus que tous les autres pays européens, on s’inquiète de la santé au travail, nous aussi, mais on n’ a pas besoin de textes régaliens nouveaux, de police de la santé nouvelle et ainsi de suite : il faut arrêter de considérer et c’est un point fondamental, que les industriels veulent faire le maximum d’argent au détriment de leur personnel, nous cherchons à faire des résultats positifs malgré le contexte français qui meuble notre quotidien d’interdits et de taxes que nos concurrents ne connaissent pas. Nous ne sommes concurrentiels que sur le prix de l’électricité, grâce au nucléaire (mais c’est mal parti avec la multiplication des éoliennes,+40% en quelques années) et le Crédit Impôt Recherche. Pour tout le reste nous payons plus, charges sociales, impôts et taxes, investissements environnement, pénalités diverses de droit du travail… et nous devons répondre à des formulaires bureaucratiques d’une autre époque, et à l’inquisition qui en découle.

Enfin notre écosystème industriel manque de deux éléments essentiels qui nous empêchent de décoller : une épargne nationale qui s’investisse dans les entreprises nationales et une  promotion efficace de lieux performants dans les domaines scientifiques et techniques en complète révolution. Les deux sujets sont liés bien sûr. Nous avons rêvé de poursuivre notre système de capitalisme sans capital tout en accentuant la mondialisation, c’est un échec, nos entreprises ont besoin de capital, de fonds propres, et si notre épargne nationale n’est pas dirigée vers notre industrie, soit nos entreprises sont achetées, soit ce sont des financiers étrangers qui en bénéficient. C’est le travail du Gouvernement de traiter ce problème comme le Général de Gaulle l’a fait en 1958 avec Messieurs Pinay et Rueff. Ce ne sont pas nécessairement les mêmes solutions qu’il faut prendre, mais c’est l’élément majeur de la reconstruction de notre écosystème. Par ailleurs si dans les domaines essentiels aujourd’hui, le numérique, la micro et nano électronique, la biotechnologie, beaucoup de pays avancent au point d’aller vers des monopoles locaux, c’est qu’il y a concentration en un même lieu géographique de capitaux à investir, de scientifiques publics et privés, de start-ups, d’entreprises de toutes tailles et de laboratoires et usines des leaders mondiaux des secteurs concernés. Ce sont ces centres de performances que l’on peut observer, par exemple, à Taiwan dans les micro-processeurs, un éventail de personnes, d’initiatives, de capitaux, considérable, inimaginable quand on entend nos responsables politiques nationaux parler de sujets qu’ils ne connaissent pas. Nous avons ces embryons sur notre territoire, mais nous gâchons tout par notre volonté de tout contrôler avec une bureaucratie rétrograde. Ainsi nous avions réussi à être parmi les meilleurs en téléphonie avec un centre en Ile de France et un autre à Lannion. Que nous est-il arrivé ? Ainsi encore nous avions les meilleurs chercheurs en micro-électronique, heureusement nous avons là encore une entreprise SMT, mais combien ont disparu ! Nous avions un secteur médical extraordinaire, la première entreprise mondiale de vaccins (humain et animal) près de Lyon, nous avons le premier parc nucléaire mondial et les seuls à avoir fait diverger aussi tôt les réacteurs à neutrons rapides… la liste est longue mais il ne faut pas désespérer nous avons encore les hommes et les femmes capables de relever les défis du futur mais il faut le vouloir et y mettre les moyens, non sur des thèmes médiatiques plaisant aux technocrates mais sur le personnel capable de faire émerger les progrès. Où se trouve le lieu phare de notre pays qui concentre les compétences et les individus pour faire émerger des batteries nouvelles, où foisonnent les projets, les idées et les expériences ? Nulle part !  Où sont les épargnants français  se mobilisant pour ce secteur jugé essentiel ?

« Ne mettons pas la charrue avant les bœufs » dit le dicton populaire  et « Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu’ils en chérissent les causes » citation attribuée à Bossuet, ce qui ne se retrouve pas dans ses écrits, mais qui va comme un gant aux gesticulations actuelles.

Mathieu Mucherie : Je n’aime pas le terme de « souveraineté industrielle », je préfère parler de priorité industrielle. A partir du moment où on n’est pas souverain sur notre monnaie, on ne peut pas parler de souveraineté industrielle. C’est de plus un terme connoté politiquement qui nous entraîne vers des notions protectionnistes qui n’ont pas lieu d’être. Il est visible que depuis 30 ans, la priorité du pays n’est pas la souveraineté puisqu’on a décidé de confier notre monnaie à des étrangers non-élus. Il est clair que l’euro nous empêche de mener une véritable politique industrielle française. On ne peut pas relocaliser massivement avec un euro aussi cher. Avec l’euro cher, seul le haut le haut de gamme survit. Il faut choisir, mais une moyenne gamme pourvoyeuse d’emplois, c’est impossible.

Alors, qu’est-ce que l’Etat peut faire ? Il doit arrêter de se tirer une balle dans le pied et ne pas rendre la partie plus difficile pour les entrepreneurs sur les marchés mondiaux.

Je parle ici de la nécessité d’un allègement de la fiscalité sur la production et d’un désarmement réglementaire. C’est-à-dire l’inverse de ce qu’on est en train de faire aujourd’hui. Pour des motifs pseudo-écologiques, on est en train de compliquer la tâche à plusieurs industries. Il faut simplifier la réglementation, notamment pour les jeunes pousses. Surtout, il faut un allègement qui soit durable et qui ne soit pas remis en cause tous les cinq ans. C’est actuellement ce qui fait la force des Chinois. On ne veut pas devenir une dictature mais il faut veiller au minimum à avoir une certaine cohérence dans le temps. L’industrie c’est du temps long. La seule chose qui est du temps court c’est de faire en sorte qu’on n’ait pas un euro trop cher mais ça, on n’a pas la main dessus.

Plus en amont, l’Etat a une responsabilité sur la formation. Cela fait trente ans qu’on nous parle de l’apprentissage mais ça patine. Il y a des problèmes de communication, d’orientation, de structures de l’Education nationale. Il faut que l’Etat se concentre sur cet aspect sur lequel il a totalement la main. Quand on voit les classements internationaux, il est évident que la France peut faire beaucoup mieux. Mais les effets ne seront pas visibles tout de suite.

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