Rebond

Les décrets sur l’énergie et la stratégie bas carbone signés le 23 Avril :stupidité bureaucratique ou provocation ?

Toutes les réformes sont abandonnées ou connaissent un moratoire, sauf une, celle qui concerne l’énergie, réforme cependant dénoncée par tous les professionnels du secteur comme par tous les industriels

Après avoir transformé de 8 à 9 millions de salariés d’entreprises en fonctionnaires temporaires et devenu prudent quoique bavard dans sa stratégie évolutive de déconfinement, on s’attendait à ce que le Gouvernement soit réservé sur l’application des réformes qu’il avait engagées de manière tonitruante (sans d’ailleurs abuser de la recherche d’un consensus ou de négociations). Aucune surprise donc à ne pas voir évoquer la réforme des retraites et de l’assurance chômage comme les priorités du moment. On voit mal effectivement comment va se réaliser la sortie de crise dans les secteurs de la restauration, du tourisme et de la culture, entrainant des millions de travailleurs dans leur marasme. Mais la population a deux certitudes, celle de la faillite de son administration- bureaucratie-technocratie-et celle de la nécessité d’avoir une industrie vivante et efficace pour maintenir son niveau de vie et son développement. On peut donc s’étonner de la précipitation à « sortir » le 23 Avril 2020 les décrets d’application sur le Plan de Planification de l’Energie (PPE) et sur la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBG) totalement déconnectés du monde réel créé par la pandémie et ses conséquences économiques, sociales, politiques et budgétaires. Quelle belle illustration- si l’on en avait encore besoin !- de la rupture totale entre une technocratie hors sol continuant à mouliner en télétravail et un pays en proie à l’angoisse du lendemain. Ont-ils déjà oublié les « Gilets Jaunes « ?

Tout le monde s’accorde à estimer que les visées de ces textes portant sur des objectifs 2035 pour l’un et 2050 pour l’autre n’ont aucune chance d’aboutir puisqu’ils oublient les nécessités de ceux qui consomment les ¾ de l’énergie, les transports, la chaleur et l’industrie, et que les mesures proposées n’auront aucune influence sur le climat, c’est-à-dire qu’elles n’ont rien d’ »écologiques ». Elles visent simplement à satisfaire une idéologie anti-nucléaire. Autant dire que cette paperasse est déjà dans les poubelles de l’histoire dès début Mai , ce qui est écrit n’a aucune chance d’être mis en application et d’aboutir, c’est un « en même temps » absurde, c’est même une provocation infantile à l’égard d’un peuple secoué par un confinement qui  n’a que  trop duré.

La réalité c’est qu’il va falloir faire repartir , « rebondir » le secteur productif national, que cela va prendre du temps, et que nous allons avoir besoin  d’une énergie abondante et bon marché. Et, quelle que soit l’idéologie qui sous tendra ce nouveau départ , on va faire avec ce que l’on a, un tissu industriel fragilisé par des dizaines d’années d’abandon, trois millions de salariés aguerris avec un savoir faire à conserver, et des carnets de commandes plats pour l’instant. Les patrons qui n’ont pas fermé leurs usines ou ateliers ont jonglé avec les restes de vacances et les RTT, puis les mesures de chômage partiel, mais ils s’interrogent désormais sur leurs capacités à réengager l’intégralité de leur personnel précédent. Si les perspectives actuelles, une activité en Décembre de 70% environ par rapport à l’année 2019 se confirment, on a la mesure des licenciements qui seront nécessaires et de la perte de compétences utiles à la nation qu’elle signifie. Pour ceux qui ont fermé, ils ne peuvent rouvrir qu’avec lenteur tandis que se profilent les sacro-saints congés annuels. Dans les PME et ETI le patriotisme d’entreprise reste fort, mais pas universel et pas toujours partagé par les grandes structures pourtant essentielles pour leur assurer la  poursuite de  leur activité, dans l’industrie tout se tient.

Bien sûr, si la philosophie générale colportée par les médias continue à être la permanence à la tête des entreprises de patrons suspects  de maintenir en esclavage un personnel rançonné persiste, il n’y a pas de solution pour un rebond, il faut donc faire comprendre à la population qu’il existe un patriotisme d’entreprise et un patriotisme tout court jusqu’aux patrons et que chacun va retrousser ses manches pour « rebondir », mais, même si les leçons de la crise peuvent conduire à des changements stratégiques reposant désormais sur les avis de 65 millions d’experts, les centres de production existent et c’est avec eux que l’on va travailler dans les prochains mois. Pour ceux-ci il est impératif de conserver nos atouts, en particulier une énergie abondante et bon marché. Cette caractéristique historique a été mise à mal par une attaque frontale depuis 2010 (la loi NOME) contre notre organisation électrique , puis en 2011 contre les hydrocarbures…on connait la suite. Désarticulé, tout le secteur énergétique est parti dans une fuite en avant sacralisant l’éolien et le solaire, avec des mesures propres à éradiquer les énergies fossiles jusque dans nos véhicules automobiles. Ces dix années ont sans doute satisfait les apôtres de la décroissance (et des anti-nucléaires !) , mais elles ont eu pour effet de faire disparaitre un des éléments essentiels de notre compétitivité , l’énergie et en particulier l’énergie électrique, tandis que nous étions satisfaits de notre politique de santé « la meilleure du monde » justifiant les ponctions sur le monde du travail à l’exemplarité non partagée par nos concurrents . C’est dans les trois dernières une augmentation des prix de l’énergie de 25% qui s’est abattue sur le secteur de production et le PPE nous en promet 25 à 50% de plus d’ici 2035 en commençant dès maintenant par le  peuplement de nos territoires et de notre littoral de nouveaux oiseaux « naturels » et « écologiques » appelés éoliennes .

Cette orientation réitérée le 23 Avril ne rassure pas le monde de la production et signifie qu’il va falloir  faire comprendre à beaucoup de salariés  qu’ils vont rester fonctionnaires en chômage jusqu’à leur retraite grâce à la planche à billets européenne. Mais aussi elle fait fi d’un autre principe édicté par les princes qui nous gouvernent, celui de la relocalisation d’une industrie essentielle pour le pays. Si le solaire et l’éolien sont indispensables pour la nation , qu’en est-il de leur fabrication sur le sol national , panneaux solaires et éoliennes, ainsi que les matériaux essentiels désormais monopolisés par l’Orient ? C’est oublier bien vite les contraintes de notre droit minier qui a fini par empêcher toute prospection et exploitation, il faut donc le changer pour que l’on puisse se ruer sur les possibilités offertes par notre géologie en lithium, terres rares, cobalt et autres gaz de schiste ? C’est cela qu’ induirait le PPE comme la SNBC si on les traduisait en langage industriel plutôt que de les faire exposer  en langage technocrate obscurantiste.

Ce qui est encore plus grave c’est que la Commission Européenne n’a toujours pas été mise au courant de notre situation économique et qu’elle non plus ne désarme pas, oubliant même les Pères Fondateurs de l’Union Européenne préconisant une énergie électrique abondante et bon marché   : Ursula Von Der Leyden comme Frans  Timmermans considèrent le Green Deal , préconisant 100% d’énergie renouvelable en 2050  élaboré hier par on ne sait qui , comme la ligne de conduite acceptée par les peuples européens.

En ce qui concerne le secteur productif français , avant de  satisfaire les bureaucrates et technocrates dont l’échec est patent sur la politique de santé, comme sur celle de l’énergie,  et de leur confier l’avenir de notre survie industrielle, il semble urgent d’observer comment le déconfinement va se réaliser puis de faire le constat des changements de comportement induits dans la population. La planche à billets et le recours à l’endettement déjà excessif est un leurre, il va falloir nous remettre de nos émotions et travailler au nécessaire « rebond » . Pour le secteur industriel la priorité ne me semble pas être de maintenir et de développer une bureaucratie et une technocratie abusives et couteuses mais de nous assurer que la compétitivité peut, au contraire, s’améliorer grâce à un desserrement des contraintes, un appel aux initiatives et au patriotisme , une énergie abondante et bon marché, un respect de la nature et d’un développement durable,   une volonté d’investir et d’y engager l’épargne, tout le contraire de ce qui avait été préparé et qu’il faut désormais jeter aux orties .

7 commentaires sur “Rebond

  1. On ne peut qu’approuver les remarques ,de bon sens de Loïc , sur l’aveuglement d’une technocratie bureaucratique ,hors sol ,aveugle et sourdes aux échos sonores du moment qui sont :tailler dans la graisse administrative (1),faire confiance aux responsables locaux ,mettre en sourdine les projets qui auront des effets dans 30,voire ,50 ans pour traiter les défis du moment.
    Garder à l’esprit que l’énergie qui,actuellement, pollue le mois c’est le nucléaire et que des voitures électriques alimentées par de l’électricité fabriquée au charbon est une hérésie!

    (1) Je conseille ,par exemple ,de regarder un organigramme d’Agence Régionale de Santé :ahurissant (plus de 20 pages!)

  2. cher Monsieur
    Quoique l’on en dise et que l’on puisse vous reprocher, la justice vous a fait payer votre dette.
    Vous avez été comme on dit bien que je n’aime pas ce terme un grand commis de l’état., vos amis vous ont encensé mais également trahi et poussé à la faute. Dans ce milieu que l’on appelle la haute administration le cynisme est de règle, on se moque du peuple qui n’est la que pour servir de vache à lait.
    Vous vous insurgez contre ce décret qui défini la politique énergétique de ces 20 prochaines années. A qui va encore profiter cette mascarade. les éoliennes terrestres et maritimes futur grand scandale des années à venir, qui sont imposées dans des sites qui vont être défigurés. La rentabilité des ces engins n’est assurée que grâce à la complicité des différents gouvernements ayant fixé un prix d’achat de cette énergie à un prix défiant toute concurrence avec une garantie de prix pendant je crois 20 ans. C’est formidable. Quels sont les investisseurs, je vous ne ferai pas l’affront de vous les citer mais nos amis d’Orient sont très contents.Que deviendront dans 20 ans ces machines ( délai normal d’utilisation et d’usure) grand mystère. Ce n’est pas grave ceux qui les auront autorisées ne seront plus la pour constater la casse.
    Autre souci, l’installation de la 5G décriée par beaucoup de spécialistes et considérée comme dangereuse pour la santé. Je ne sais si vous le savez mais cette période de pandémie et de confinement est une aubaine pour l’installation de ces fameuses antennes. Une ordonnance vient d’être promulguée permettant l’installation en urgence de ces engins sans que personne ne puisse s’y opposer ( ( plus de demande d’autorisation au maire ou à la communauté de communes). Aucun média n’a signalé un tel abus de pouvoir. Nous commençons à rentrer dans un régime totalitaire.
    bien cordialement

  3. Bonjour, Je vous remercie. Le Rebond ne s’amorce qu’après avoir touché le fond. Les excès actuels de dépenses doivent favoriser une prise de conscience collective nécessaire au changement de gouvernance énergétique. C’est une douloureuse période mais je l’espère une opportunité. Bien cordialement.

  4. Pierre Laberny
    Président de la Section Française de l’Association Européenne des Cheminots (AEC)
    Bonjour,
    Je viens de lire un article sur « Atlantico » dans Décryptages du 1er septembre 2020 « Mais comment la SNCF se débrouille-t-elle pour que de petits incidents se transforment si souvent en déroute ? » signé de votre part.
    Est-il possible de reprendre votre article dans nos revues ? Fer-Europ (France) New (Grande-Bretagne) Schiene Europas (Allemagne)
    Cordialement

  5. Bonjour,
    Je me permettrais d’ajouter à votre excellente analyse de la déroute énergétique et industrielle française, que son origine réside dans les politiques européennes imposées par la Commission de Bruxelles, tout comme la déroute agricole d’ailleurs (voir le programme Farm to Fork engageant la nouvelle PAC). J’en veux pour preuve expérimentale, la situation de la Grèce. ce pays dispose de deux sources d’énergie nationales : le lignite de Ptolémaïda (Macédoine occidentale) et l’hydroélectricité, plus quelques gisements d’hydrocarbures insignifiants. La Commission a exigé la fermeture des mines de lignite exploitées par la DEI (l’EDF locale, qui est démantelée comme la nôtre), jetant au chômage des milliers d’ouvriers et de mineurs. Le solaire et l’éolien doivent se substituer à ces « vieilles » énergies « écocidaires » à grands coups de subventions publiques – là, la Commission donne des autorisations de crédit à la Grèce, pas pour soutenir son industrie ! – pour le plus grand profit des Chinois, des Allemands et des Espagnols. Les populations ne sont jamais consultées, comme dans l’exemple de transformation de l’île d’Astypalaia en grand projet électrosolaire : https://www.lesoir.be/335954/article/2020-11-04/la-grece-et-vw-collaborent-un-projet-de-mobilite-climatiquement-neutre-astypalea
    Si la France, comme la Grèce, veulent pouvoir revenir à une politique énergétique cohérente, il faut sortir de l’UE et de l’euro. Sans ce préalable, rien n’est possible.

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