La gourmandise des médias pour les luttes, les joutes, les combats politiques a toujours été forte, mais l’actualité a tendance à renforcer cette tendance au point d’arriver à taire, ignorer ou cacher les réalités dans notre pays et dans ceux qui nous entourent. Ainsi la révolte paysanne qui se lève depuis de nombreux mois à travers l’Europe n’a fait l’objet que de quelques photos passant sur les réseaux sociaux sans qu’il en soit question dans aucun organe de presse ! Cela nous donne une idée des manipulations dont les populations sont l’objet et puisque cela a l’air de marcher, on continue de plus belle à multiplier les « visites de terrain » plus ou moins bien orchestrées pour faire observer le rapprochement gouvernants/gouvernés alors que le fossé s’élargit tous les jours.
La décadence de Rome s’accompagnait des « jeux du Cirque » qui permettaient aussi d’oublier bien des réalités, et les commentateurs d’aujourd’hui se délectent, se lèchent les babines dès maintenant à l’idée du raffut des séances à l’Assemblée nationale dont la démocratie est la grande perdante.
La population a bien du mal à s’intéresser à des aventures qui débouchent sur le vide, des mois à manifester et à recevoir des 49-3 pour clore les débats, des lois dont on annonce dès le lendemain qu’elles ne résolvent aucun problème, des changements annoncés… pour que rien ne change !
Chaque Français constate quotidiennement que « plus rien ne marche » , services publics, bien sur, administrations, collectivités, que la vie est de plus en plus difficile, logement, alimentation, pouvoir d’achat… tandis que les tracasseries s’accumulent, les amendes et les interdits, et une sorte de recul des libertés avec la poussée de l’insécurité dans tous les territoires. Les catastrophes naturelles et géopolitiques devenant la nourriture quotidienne des informations générales ou de celles émanant des réseaux sociaux, il est compliqué de trouver des moments et des raisons de se détendre, chaque fête pouvant devenir un objet de conflit ou rendant nécessaire des consignes de sécurité.
Une des causes objectives de cette précarité ressentie est la relative paupérisation du pays tout au cours des trente dernières années facilement explicable par les chiffres, un endettement colossal à plus de 3 000 milliards, un service de la dette porté à 70 milliards annuels, un déficit abyssal du commerce extérieur, en particulier agricole et alimentaire, et la poursuite de budgets approuvés par les Parlements en déséquilibre, au-delà des 100 milliards.
Puisque rien ne marche plus, les observateurs et commentateurs proposent de réformer le pays et chacun d’aiguiser ses couteaux à l’idée des Jeux du Cirque qui vont suivre.
Mais si l’on revient au Bien Commun, le retour aux logorrhées accompagnant les projets de Lois et les ballets de textes avec des milliers d’amendements sont-ils la meilleure façon d’avancer ? Lorsque l’on constate un blocage entre les pratiques existantes et le souhait d’efficacité, on tombe rapidement sur les contradictions contenues dans les textes votés, leurs difficultés d’interprétation et la nécessité de procédures longues et pénalisantes à l’échelon national et européen. On en conclut qu’il faut un référendum et chacun rentre sous sa tente, trop long, trop risqué… Mais ce n’est pas le Parlement tel qu’il est aujourd’hui qui va pouvoir par un tour de magie résoudre en quelques semaines des dizaines d’années de compromis sur des sujets essentiels qui nous sont renvoyés désormais à la figure avec comme acteurs principaux des politiciens qui ont tout dit et le contraire de tout pour arriver à se maintenir coûte que coûte dans la représentation nationale.
Les deux derniers font l’objet de discussions animées qui n’ont pas fait avancer d’un iota la solution, et il parait inutile de rajouter une pierre à la confusion ambiante. Par contre sur le premier point ce ne sont pas des projets de lois qui vont faire avancer les choses, mais, au contraire, une suppression de textes normatifs et règlementaires empêchant aujourd’hui les forces vives de la Nation de redresser rapidement la situation dont un inutile inventaire à la Prévert nous permettrait de justifier les causes. On sait que depuis des dizaines d’années l’exécutif et le législatif du pays ayant abandonné l’idée de régir le régalien, c’est-à-dire ce qui est leur travail, ont essayé de commander au monde de l’entreprise en lui expliquant comment il fallait se comporter. Ces tentatives qui conduisent à des codes énormes aux injonctions contradictoires sont un des grands échecs de ces trente dernières années. Des gens qui ne connaissent rien à la vie des entreprises ont tenté de bâtir des carcans pour qu’ elles se comportent « bien » . Tous ces échafaudages compliqués, droit du travail ou droit de l’environnement butent sur l’incompréhension réciproque de deux mondes. Les restrictions, les seuils, les sanctions, les punitions, les jugements… rien n’y fait, on ne peut pas faire d’un individu obéissant et soumis un chef d’entreprise, on ne peut pas faire une école du courage et du risque, on ne peut pas déterminer par une sélection qui saura entrainer, diriger et développer une entreprise, il n’y a pas de « moule à patrons », il n’y a pas de règles intangibles qui permettent de déterminer qui va réussir ou échouer, il y a des circonstances, ceux et celles qui savent s’en servir et les autres. Il faut donc un cadre dans lequel s’exercent ces talents, la liberté en est l’essentiel, mais on pourrait dire aussi la stabilité, mais tous les efforts des législateurs essayant de donner de la voix n’ont aucune action véritable sur l’efficacité finale du système entrepreneurial.
Si la partie du monde patronal qui a fini par s’habituer à la mendicité, c’est-à-dire la demande de subventions, et si les employés, ingénieurs, techniciens et ouvriers étaient d’accord aussi de revoir des textes qui avaient autrefois leurs justifications mais qui les ont perdues avec les nouvelles technologies, il n’y aurait pas de réformes compliquées à entreprendre, mais simplement à rationaliser des textes empilés devenus incompréhensibles et inefficaces.
On pourra dire, ce n’est pas une réforme, c’est une révolution ! Peut-être mais dans le domaine où on peut encore faire quelque chose rapidement pour redresser le pays et lui donner des chances de pouvoir produire plus, augmenter les salaires réels, nous rapprocher des fonctionnements suisses ou allemands sans détruire des cathédrales, cela vaudrait le coup d’essayer.
Maintenant si l’on exige que le peuple se prononce rapidement, essayons le référendum
- Voulez vous une énergie abondante, bon marché et souveraine ?
- Voulez-vous une industrie et des entreprises prospères ?
La poursuite de la politique des textes normatifs et règlementaires actuels conduit à répondre non aux deux questions !