La France a rejoint une nouvelle alliance pour mettre fin au financement à l’étranger de projets d’énergies fossiles. Un voeu qu’il sera difficile à mettre en oeuvre, en particulier si les grands pays producteurs n’y adhèrent pas.
Atlantico : Après une semaine d’hésitation, la France a rejoint une nouvelle alliance pour mettre fin au financement à l’étranger de projets d’énergies fossiles. Dans quoi notre pays s’est-il engagé exactement ?
Loïk Le Floch Prigent : Comme beaucoup de séances internationales, il s’agit d’abord de communiquer et de montrer au monde que l’on agit pour son bien. Un certain nombre de pays prennent donc des engagements qui sont d’abord des postures. Un monde dont l’énergie consommée vient à 80% des énergies fossiles ne change pas à cause de discours nombreux et de signatures à Glasgow en 2021. Les populations veulent vivre, elles ont besoin d’énergie et elles utiliseront celles qui sont disponibles. L’énergie fossile la plus polluante et la plus émettrice est le charbon. Ses deux grands utilisateurs sont la Chine et l’Inde, ils ne sont pas signataires des accords et ils prévoient la sortie vers 2060, ils ont donc tout le temps de poursuivre leur production. L’Allemagne, signataire, avait prévu de sortir en 2038 et va, sans doute, être amenée à réviser cette date. Si elle ne révise pas son orientation anti-nucléaire cela voudra dire une augmentation de l’utilisation de gaz, cela nous promet de beaux débats car le gaz naturel est une énergie fossile !
Je pense qu’il faut revenir à l’essentiel. Les industriels doivent éviter les gaspillages et les mauvaises utilisations des énergies fossiles avec toutes les techniques de captation de CO2, d’utilisation du CO2 et donc s’engager vers des solutions de plus en plus propres. La signature des pays occidentaux montre qu’ils sont déterminés à réaliser des efforts en ce sens, mais de là à arrêter tout comme le suggèrent certains communiqués militants, il y a un grand pas : il faut être plus efficaces et c’est l’orientation qui a été acceptée depuis un certain nombre d’années et réaffirmée aujourd’hui.
Les fossiles, pétrole et gaz, sont les sources non seulement d’énergie, mais aussi de chimie organique, le pétrole et le gaz continueront à être produits pendant encore des dizaines d’années, et cela les gouvernements ont du mal à le dire.
Notre pays, comme beaucoup d’autres, s’est engagé à être efficace, en espérant que la Chine et l’Inde (et d’autres) comprendront aussi cette nécessité. C’est-à-dire que les opérations de prospection et de production doivent se réaliser avec comme objectif la neutralité carbone, ce qui est envisageable aujourd’hui. Resteront les consommateurs, et là les solutions n’existent pas encore, il faudra donc beaucoup de recherches et d’innovations. L’exigence correspondante pour les économies qui se sont engagées est de ne pas subir une compétition biaisée à partir des pays qui ont un autre agenda, cela promet des discussions difficiles !
Certaines entreprises pourraient-elles déroger à la règle en mettant en place une technologie de captage/stockage pour récupérer une partie des leurs émissions afin d’obtenir un soutien financier de la France ?
Les termes de l’accord sont suffisamment ambigus pour permettre toutes les dérogations. Mais c’est une question de responsabilité désormais, et les industriels, si on les protège correctement des concurrents déviants, sont prêts à aller de l’avant car ils veulent être des citoyens respectés. Mais il est clair que les solutions de captage/stockage sont dans l’accord car autrement il y aurait disparition immédiate de toute l’industrie : encore une fois les fossiles représentent 80% de nos productions énergétiques ! Les entreprises ont rarement besoin du soutien financier des Etats, par contre elles ont besoin d’une politique de la mondialisation et, pour l’instant, l’entrée de la Chine dans les accords internationaux a surtout profité à la Chine qui ne prévoit sa sortie du charbon que très tard. C’est un point essentiel à traiter et c’est l’explication de l’engagement des USA dans l’accord. Le soutien de la France cela doit être avant tout de ne pas faire payer aux industriels français un nouveau déficit de compétitivité en voulant être encore une fois le bon élève de la classe. Remettons nous à armes égales avec notre environnement international et exigeons de nos concurrents ce que l’on exige de nous.
Est-il réellement possible de tourner complètement la page de l’exploitation des énergies fossiles à l’étranger dans le contexte actuel ?
Il est évident que la sortie des fossiles n’est pas pour demain, mais cela ne veut pas dire que nous devons rester les bras ballants, il faut arrêter les gaspillages et innover dans la captation, le stockage et l’utilisation du CO2.
Quelles peuvent être les conséquences pour des groupes comme Total Énergies qui ont actuellement plusieurs projets de production de pétrole ou de gaz à l’étranger ?
Les groupes énergétiques occidentaux vont vous répondre dans les prochaines semaines, mais l’essentiel de la production pétrolière et gazière provient des compagnies nationales des Etats pétroliers et plutôt que d’essayer de montrer du doigt les compagnies occidentales qui innovent et font des efforts, il faudrait mieux s’intéresser à ceux qui produisent la grande majorité des produits pétroliers et gaziers. Moyen-Orient, Russie, Amérique Latine, Afrique… ce sont ces compagnies et ces Etats qui n’ont pas toujours de bonnes pratiques de prospection, de production, qui ont des raffineries déficientes, une logistique défaillante. Je ne doute pas qu’à l’avenir on commence à s’intéresser à eux car si nos compagnies peuvent innover et montrer l’exemple, il convient que les instances internationales et les journalistes finissent par s’intéresser aux problèmes réels, ceux d’un monde qui a besoin des énergies fossiles pour poursuivre son développement et qui n’a pas encore trouvé les moyens humains et financiers de le faire de façon efficace. C’est pourquoi j’ai aimé dans le texte signé ce rappel à la nécessité de l’efficacité sans dogmatisme et avec pragmatisme. Les militants qui rêvent de la fin prochaine de l’utilisation des énergies fossiles seront déçus, mais notre environnement verra la différence si on recourt aux bonnes pratiques de gestion de notre capital énergétique.
Voici un texte plein de sagesse du physicien et enseignant-chercheur à Polytechnique, Serge Galam, sur le renversement de la charge de la preuve.
« Il est plutôt surprenant que celui qui affirme détenir « la » vérité voit ses paroles prises pour argent comptant quand celui qui réclame une preuve de cette affirmation non démontrée scientifiquement doit, pour être écouté, apporter la preuve que la vérité défendue sans preuve est fausse. Les techniques, la méthodologie, toute notre approche expérimentale et nos constructions théoriques ont été inventées pour prouver l’existence de ce qui existe. En revanche, il est impossible de prouver l’inexistence de ce qui n’existe pas… La preuve ne peut porter que sur quelque chose d’existant. Dans le débat sur le climat, j’insiste sur le fait que je parle bien d’absence de preuve, et non de doute, à propos de la responsabilité humaine en matière de réchauffement. De même, à propos de la question de savoir si nous sommes dans une phase longue de réchauffement ou de refroidissement. Le doute implique une croyance. Or en termes scientifiques soit j’ai la preuve, soit je ne l’ai pas. Il n’y a pas de place pour la subjectivité dans la validité d’un résultat scientifique. Il est urgent de savoir dire : « scientifiquement, on ne sait pas ». Aujourd’hui je ne dis pas que je doute de la responsabilité humaine, je dis qu’il n’y a pas de preuve de cette responsabilité. C’est un fait, pas une opinion ».
Le principal problème , c’est que l’action du CO2 anthropique sur la température a été gravée dans les statuts du GIEC avant même toute publication scientifique, ce qui est une démarche anti-scientifique. Donc, l’ONU et le GIEC ont désigné le coupable et le GIEC va tout faire pour justifier sa culpabilité. Mais si l’on regarde les rapports scientifiques ARx, nulle part on ne trouve une démonstration de l’effet réchauffant du CO2 par les lois connues et éprouvées de la physique. Seulement des affirmations subjectives dans les résumés pour les décideurs.
La conséquence de cette triche, de cette manipulation inacceptable, dont les conséquences sociales et économiques sont effrayantes, est que le CO2, émis par toutes les activités humaines, est décrété ennemi public numéro 1, et donc toutes les politiques climat-énergie touchent et vont toucher tous les secteurs d’activité, souvent de manière irrationnelle et destructrice.
Avant de parler du pétrole et du gaz, commençons par ne plus bruler le charbon et cette saloperie de lignite, ce qui n’a rien d’irrationnel et très créateur de co2 et autres saloperies irrespirables.
L’intelligence humaine (enfin ceux qui savent l’utiliser…) n’a que faire du marbre dont est fait le GIEC, le bon sens devrait nous imposer des solutions immédiates pour réduire les pollutions humaines de toutes natures.
Le climatoscepticisme devient une pitoyable ânerie au même titre que la théorie de la Terre plate existait déjà avant que Pythagore, Platon et Aristote avancent la théorie selon laquelle la Terre est de forme sphérique. Ils ont appuyé leurs idées sur des faits réels résultants de leur observation. De leur côté, les adeptes du « platisme » réfutent ces affirmations, qui selon eux, ne sont que de pures invention de la NASA qui trafiquerait les photos satellites. Aujourd’hui, ils semblent vouloir avancer dans la démonstration de leur théorie, en organisant une expédition en Antarctique. Platisme et climatosceptique, même combat pitoyable!
Les climatosceptiques sont de chauds partisans de la fenêtre d’ OVERTON qui essayent de convaincre l’opinion publique que les politiques situées en dehors de la fenêtre doivent être considérées comme acceptables.
La fenêtre d’Overton est une approche permettant d’identifier les idées définissant le domaine d’acceptabilité des politiques gouvernementales possibles dans le cadre d’une démocratie. Les partisans de politiques en dehors de la fenêtre d’Overton cherchent à persuader ou éduquer l’opinion publique afin de déplacer et/ou d’élargir la fenêtre.
Les partisans dans la fenêtre, soutenant les politiques actuelles, ou similaires, cherchent à convaincre l’opinion publique que les politiques situées en dehors de la fenêtre doivent être considérées comme inacceptables.
Prenons l’exemple du cannibalisme pour illustrer le fonctionnement de la fenêtre d’Overton:
Étape 1: De l’impensable au radical
Dans la première étape, la pratique du cannibalisme est considérée comme immorale et répréhensible au sein de la société étudiée. Les sociétés occidentales actuelles se trouvent dans ce cas. À ce moment, le cannibalisme se trouve au niveau de tolérance le plus bas de la fenêtre d’Overton: impensable.
Pour faire changer la position de l’opinion publique, on commence par transformer le sujet en question scientifique. Des savants renommés en parlent, des petites conférences et des colloques sont organisés autour du cannibalisme. Puisque la science (exacte ou non) ne doit pas avoir de limites d’investigation, le sujet cesse alors d’être un tabou absolu. Il n’est plus impensable, et un petit groupe d’«extrémistes» pro-cannibalisme se crée et fait des percées dans les médias. Cette opinion est alors perçue comme simplement radicale.
Étape 2: Du radical à l’acceptable
Dans cette étape c’est l’acceptation qui est recherchée. Avec les conclusions scientifiques, ceux qui s’opposent de manière inflexible à l’ouverture sont traités en intransigeants, fanatiques opposés à la science. Un jargon pseudo-scientifique pourra être créé. Dans le cas du cannibalisme on préferera parler d’anthropophilie (ou d’antropophagie). Les connotations négatives associées au mot cannibalisme seront alors adoucies. Même si l’idée n’est pas encore largement acceptée, elle intègre progressivement le débat public.
Étape 3: De l’acceptable au raisonnable
Il s’agit ici de transformer le jugement de principe porté sur le cannibalisme. D’une chose en principe inacceptable on doit passer à une pratique «raisonnable». La consommation de chair humaine trouve une justification; par exemple, dans le cas d’une famine, un tel comportement semble devoir se légitimer par le principe fondamental de conservation. L’homme recherche sa propre conservation, et dans un cas extrême il doit pouvoir se nourrir de tout. L’application d’un tel raisonnement au cas général se fait d’autant plus facilement que le concept était considéré au départ comme impensable, et donc n’était en butte à aucun des contre-arguments usuellement produits lors de l’émergence d’un débat intellectuel.
D’un autre côté, les «anthropophiles» se targuent d’être pro-choix, défenseurs d’une liberté somme toute fondamentale. Les irréductibles de l’idée sont, quant à eux, perpétuellement critiqués pour leur position devenue radicale. Si nécessaire, la communauté scientifique, conjointement aux médias, saura fournir les preuves que l’histoire est truffée d’exemples d’anthropophilie, laquelle ne posait d’ailleurs pas de problème aux sociétés primitives.
Étape 4: Du raisonnable au populaire
Il s’agit d’intégrer la pratique défendue à la mentalité populaire. Cela passe par les canaux de diffusion culturelle comme les films, les romans, les journaux ou même la musique. Dans le cas de l’anthropophilie, les films de zombies peuvent recouvrir une toute nouvelle signification par exemple. On pourra noter l’utilisation de célébrités ou de figures historiques décrites comme franchement cannibales
Étape 5: Du populaire à la politique publique
Une fois ancrés dans la société civile, les groupes de pression cherchent une représentation politique, au travers de partis par exemple, et demandent une représentation légale. Dans le cas du cannibalisme, il serait ainsi question de légalisation. Ici, la possibilité de création d’un nouveau marché de consommation de chair humaine directe ou par produits dérivés pourrait renforcer la position des courants anthropophages avec le concours de l’industrie agro-alimentaire.
Les étapes présentées ci-dessus forment un exemple de la méthode de déplacement radical de la fenêtre d’Overton d’une position de l’opinion publique à son contraire. Cependant, chacune des étapes, prise individuellement, constitue en soi une ouverture non négligeable de la fenêtre. De plus, la fenêtre d’Overton peut être utilisée pour favoriser des idées impopulaires en introduisant dans le débat des concepts bien plus radicaux qui font pâlir l’impopularité de ceux que l’on défend en réalité.